L'historien Bruno Maillard propose une conférence débat autour du domaine carcéral Juliette-Dodu à la Réunion, en compagnie du premier ministre de l’Etat de la Diaspora Africaine et militant associatif Louis-Georges Tin.
L'historien Bruno Maillard propose une conférence débat autour du domaine carcéral Juliette-Dodu à la Réunion, en compagnie du premier ministre de l’Etat de la Diaspora Africaine et militant associatif Louis-Georges Tin.
Le domaine carcéral Juliette-Dodu à Saint-Denis de la Réunion est aujourd'hui menacé de destruction par les pouvoirs publics. Ce haut lieu de mémoire du peuple réunionnais s'illustre cependant comme un espace de répression et de résistance des esclaves incarcérés entre 1775 et 1848 pour leur opposition à "l'institution particulière". Conférence et débat avec Bruno Maillard, docteur en Histoire, membre du Comité National pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage et Louis-Georges Tin, premier ministre de l'Etat de la Diaspora Africaine et militant contre l'homophobie et le racisme.
Le domaine Carcéral, appelé communément Juliette Dodu, fait aujourd'hui l'objet d'une vive polémique à La Réunion. Fermée en décembre 2008, ce domaine carcéral de 3900 m2 n'a certes jamais éveillé un quelconque intérêt de l’État, propriétaire des lieux. Il a été vendu à la SHLMR, société immobilière qui souhaiterait y instaurer une zone commerciale. Ce projet a suscité aussitôt la contestation des défenseurs du Patrimoine et de l'Histoire de La Réunion. Le 17 janvier 2018, le tribunal administratif de Saint-Denis, saisit par les requêtes d'associations locales a cependant suspendu le permis de démolition de la prison ouvrant ainsi de possibles nouvelles négociations.
Ce domaine carcéral, établi en 1775, se singularise par sa grande richesse patrimoniale inscrit en outre dans l'Histoire du peuple réunionnais. Il a été en effet le lieu d'incarcération des esclaves « voleurs de volailles, de maïs ou de riz » sous la Période Royale ou des militants culturels des années 1960-1970, en passant par les affranchis spoliés de 1848 et les engagés abusés du Second Empire. Il tient en ce sens lieu de modèle des répressions coloniales et poscoloniales brutales et iniques de la puissance publique. Son Histoire se cristallise cependant sur la période esclavagiste de La Réunion. Réservée en théorie aux prévenus et aux condamnés, de toute condition juridique, soupçonnés ou reconnus coupables d'une infraction de droit commun, elle a d'abord écroué, et cela jusqu'en 1848, plusieurs milliers d'esclaves insoumis de La Réunion toute entière : petits et grands marrons arrêtés par des agents de la force publique ou des particuliers, « nègres indisciplinés » reclus à la demande du maître ou « noirs reconnus comme dangereux » sur ordre du gouverneur. Mais plus encore, la geôle de Saint-Denis a été le lieu d'incarcération des révoltés de Sainte-Rose de 1799, des insurgés de Saint-Leu de 1811 ou des « comploteurs » de Saint-Benoît de 1832, emprisonnés à perpétuité ou pour quelques semaines avant leur inévitable condamnation à mort. Des femmes et des hommes, détenus pour s'être réappropriés, ou simplement pour avoir réclamés, l'exercice de leurs droits fondamentaux, inaliénables et imprescriptibles, et plus particulièrement leur liberté. Au même titre que les irréductibles marrons des Blue Montain de la Jamaïque ou les révolutionnaires émancipateurs d'Haïti, ils symbolisent aujourd'hui comme demain, et pas seulement pour les Réunionnais mais pour le monde entier, l'esprit universel de résistance contre un régime despotique.
PHOTO : Imaz PRESS
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La Colonie, un lieu de Savoir-vivre
et de Faire-savoir
Fondé par Kader Attia, Zico Selloum et leur famille.
La Colonie met au défi les postures amnésiques et délétères. C’est un lieu convivial qui engage, en toute indépendance, les chantiers du vivre et du penser ensemble.
En mettant en oeuvre ce projet, l’artiste Kader Attia entend poser au présent les questions de la décolonisation des peuples comme celle des savoirs, des comportements et des pratiques. Située dans un quartier où se mélangent populations africaines, indiennes et asiatiques, à deux pas de la gare du nord et donc aux carrefours de l’Europe comme du monde, La Colonie vise à réunir — sans exclusion et à travers ces formidables tribunes que peuvent être la création artistique et intellectuelle — toutes les identités et toutes les histoires, en particulier celles des minorités.
Tout à la fois repère et refuge, La Colonie est un espace à l’identité bigarrée : c’est un bar et une agora ; c’est un laboratoire et une lieu de fêtes ; c’est un lieu de paroles, d’écoutes, de partages, d’expérimentations et de monstrations.
Une architecture
Protégé du tumulte de la rue, l’espace en retrait de la Colonie est dominé par une haute verrière qui offre une lumière zénithale et paisible. Au rez-de chaussée, se déploie sur plus de 200 m2 l’espace du bar où l’on peut venir se reposer en prenant un café, où l’on donne rendez-vous à des amis pour boire un verre, où l’on peut manger sur le pouce, venir écouter un concert ou encore assister à une projection.
Au premier étage, une grande mezzanine donne sur le bar comme sur une court intérieure. Isolé du rez de chaussée par des vitres qui ne laissent passer que la lumière, cet espace est dédié au partage des savoirs en mouvement. On peut venir y écouter et proposer d’autres formes de pensées à travers des dialogues publics. La Colonie entend accueillir des collectifs, des militants, des groupes de recherches universitaires, des artistes, des acteurs sociaux pour les inviter à des partages libres d’expériences et de savoirs. On peut ici assister à des conférences, des lectures, des témoignages, participer à des workshops, des ateliers d’écritures…
Le deuxième étage est consacré aux différentes formes et concepts de l’art. Loin du contexte muséal ou institutionnel, les propositions artistiques y sont aussi bien conceptuelles que formelles, a-formelles ou performées. Les projets présentés sont également l’occasion d’élaborer une pensée critique non académique, en lien constant avec les enjeux de notre présent.
La structure architecturale du bâtiment, idéale pour ce type de combinaison, offre une grande fluidité entre les différents espaces car ici la vie, la pensée, l’engagement et les pratiques de l’art interagissent en synergie.
Une expérience de défragmentation
La Colonie se construit autour de la volonté de répondre à une urgence impérieuse de réparations sociales et culturelles.
Par delà les clivages religieux ou politiques, nos sociétés contemporaines ont atteint un niveau jusqu’alors inégalé de fragmentation que seul l’aménagement d’espaces de dialogues, de rencontres, de confrontations permettra de faire reculer. Ici comme un peu partout ailleurs, les fractures se démultiplient dans un silence criant, avec une violence accrue. La Colonie est une expérience de dé-fragmentation, de dé-morcellement, de réparations dans laquelle tout le monde est le bienvenu. Ce projet entend permettre aux savoirs universitaires de sortir des arcanes du pouvoir institutionnel et élitiste en leur permettant de se confronter à d’autres formes de transmissions. Il entend émanciper des modes d’appréhension et de savoir populaires, parfois non occidentaux, souvent minorés.
La Colonie souhaite décloisonner les savoirs, les pratiques, en valorisant une approche trans-culturelle, trans-disciplinaire et trans-générationnelle dans lequel tous et chacun trouve une place. Nous faisons le pari que sous l’égide de l’échange et de la palabre, l’art comme la pensée sont parmi les vecteurs les plus forts de cette défragmentation.
Si la Colonie est un lieu physique de rencontres, elle oeuvre également à l’archivage de ce présent en train de se faire et met à disposition librement les échanges et les expérimentations dont elle est le théâtre.
Kader Attia
Directeur et co-fondateur
Zico Selloum
Co-Fondateur de la Colonie
Sylvie Labiche
Directrice Administrative & Financière
Pascale Obolo
Responsable du Salon du Livre d'art des Afriques et des Editions de la Colonie
Alix Hugonnier
Coordinatrice de la programmation culturelle et artistique
Lucas Erin
Coordinateur de la production
Ava Attia
Responsable des réservations
Kristell Charbonneau
Responsable des privatisations - DRH
Christelle Boco
Responsable bar
Réalisation du site web
La Colonie est avant tout un lieu d'échange et de partage, et c'est dans cette idée que nous vous mettrons prochainement à disposition deux playlists : une comprenant notre sélection musicale, tandis que l'autre regroupera les derniers podcasts mis en ligne. Ces podcasts sont également disponibles directement dans leur évènement associé, prêts à être lancés pour accompagner votre visite.
Cette radio est disponible grâce à la plateforme de musique en ligne Soundcloud. Sur chaque podcast, le logo Soundcloud vous permettra d'accéder à sa page liée.