Questionner la mode c’est interroger nos manières de vivre, de se comporter, de penser. Celles-ci sont propres à une époque, à un pays lié à des coutumes, à une histoire et à la pluralité des cultures émanant de différents apports sociétaux. Les motifs et autres tissus wax qui colorent les rues de la capitale en sont la preuve : la mode africaine s’est bien installée à Paris. Mais pourquoi est-elle invisible sur les podiums de la Fashion Week à Paris et dans l’histoire de la mode occidentale ?
Différents récits utopistes, fictionnels, nous seront proposés à travers l’histoire des vêtements imaginés par les créateurs de mode. Si la mode est représentée comme un reflet des évolutions de nos sociétés, ce séminaire a pour but de questionner le vêtement au-delà de la mode, en résonance avec l’histoire coloniale et postcoloniale, comme dans le mouvement de la Sape, vestige colonial dont les sapeurs congolais se sont réappropriés les codes afin de s’affranchir de leur condition sociale. Symbole de liberté, La SAPE est la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes
; Se saper
signifie bien s’habiller
, être bien vu des autres, exister, se redéfinir une nouvelle identité, loin de la misère du pays. La sapologie s’opère alors comme un espace de résilience.
Le vêtement est par excellence l’espace de l’imposition des normes et de leurs transgressions. La mode ne peut exister sans des individus disposant d’une certaine liberté de choix. Pendant la période coloniale les individus disposaient-ils vraiment de cette liberté ? Le rôle et la place du vêtement sur le plan économique, politique, artisanal ou industriel seront interrogés d’une manière transversale et pluridisciplinaire sous forme de conversations, de performances, de musique, de critique, workshops, film et d’installation avec des acteurs, et passionnés du monde de la mode et du vêtement, des historiens, des anthropologues et des observateurs d’horizons variés ; dans le but de faire une relecture de la mode comme un fait socio-politique impactant...
Ce rendez-vous érigé sous la forme d’une conversation publique autour des partages des savoirs et d’expériences sera l’occasion pour nos invités de nous éclairer par la relecture et le décloisonnement des champs des réflexions autour de la mode. Il sera aussi question de nouveaux outils pour comprendre, penser, voir et imaginer la mode autrement.
S’inspirer d’ailleurs pour s’habiller ici et ébaucher une autre mondialisation.